Lettre Hebdo des marchés semaine 41: Bis-(Le)cornu ?

CROSS ASSET : Crise politique, rebond technique et tariffs

Le saviez-vous : avec Martin et Bernard, Lecornu fait partie des noms de famille les plus répandus en France. Par exemple, le nouveau Premier ministre porte le même patronyme que l’ancien !

La semaine a débuté sous haute tension en Europe, dominée par la crise politique française après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu. Les actifs hexagonaux ont fortement corrigé, avec un élargissement du spread OAT-Bund au-delà de 85 pb et une sous-performance marquée des valeurs bancaires et domestiques.

L’apaisement progressif du discours politique au fil de la semaine – notamment la perspective d’un budget adopté avant fin décembre – a déclenché un net rebond en milieu de semaine.

Hors du cas français, la tonalité globale est restée équilibrée : la dynamique du secteur technologique a continué de soutenir Wall Street (S&P 500 et Nasdaq à de nouveaux sommets), avant un repli en fin de semaine.

En fin de semaine, la montée des tensions commerciales entre Washington et Pékin a ravivé l’aversion au risque : les indices actions mondiaux ont reculé, les investisseurs opérant un arbitrage clair en faveur des obligations souveraines. Les prises de bénéfices se sont également accélérées à l’approche de la saison des résultats du T3-2025.

Les spreads de crédit se sont légèrement élargis en fin de semaine (iTraxx Crossover autour de 273 pb), reflétant une prudence accrue, mais sans stress systémique.

En revanche, l’or a poursuivi son ascension spectaculaire vers 4 060 $/oz, porté par la combinaison de tensions politiques, du shutdown américain prolongé et de la demande pour les actifs refuges. Le Brent est resté soutenu autour de 90 $/b en milieu de semaine avant de retomber légèrement après l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza.

 

CHANGE : Le retour du dollar en position de force

Moi aussi, comme le gouvernement : quand quelque chose ne marche pas, je débranche et je rebranche !

L’euro a débuté la semaine sous pression, affaibli par la crise politique française et la montée des incertitudes budgétaires. La monnaie unique reste également pénalisée par des fondamentaux économiques atones et une BCE prudente.

Le billet vert a conservé une position dominante tout au long de la semaine, soutenu à la fois par son statut de valeur refuge et par une série de signaux économiques contrastés mais rassurants. Les anticipations d’un cycle d’assouplissement plus limité de la Fed ont également consolidé la devise.

Le yen japonais a connu des mouvements contrastés. Après s’être affaibli en raison de la politique monétaire accommodante de la Banque du Japon et des tensions politiques internes, la devise a rebondi face aux craintes liées aux tensions commerciales et aux déclarations du ministre des Finances japonais évoquant une possible intervention en cas de mouvements désordonnés.

Le dollar néo-zélandais a chuté de 1 % après une baisse surprise de 50 points de base des taux par la Reserve Bank of New Zealand. Le dollar australien, quant à lui, est resté stable autour de 0,655 $, mais demeure exposé à un ralentissement économique en Chine.

Les devises refuges, comme le franc suisse et le yen, ont bénéficié d’un regain d’intérêt en fin de semaine. Enfin, la livre sterling est restée relativement stable, malgré la menace de risques baissiers liés aux incertitudes budgétaires et au ralentissement des salaires. Les devises émergentes ont continué de subir des pressions, même si le peso mexicain, resté stable, demeure vulnérable à une dégradation du contexte économique mondial.

 

TAUX : Resserrements et détente !

Si Trump réussit à composer un gouvernement Lecornu qui passe la semaine, cette fois il mérite le prix Nobel non?

La semaine a également été marquée par la volatilité sur les taux français. Le spread OAT-Bund a oscillé entre 82 et 86 pb, un niveau élevé mais contenu, traduisant une crise perçue comme domestique et non systémique à l’échelle de la zone euro.

Les propos répétés des responsables de la BCE – soulignant l’équilibre des risques d’inflation et l’“optionnalité totale” de la politique monétaire – ont rassuré les marchés. Le compte rendu de septembre confirme que le taux de dépôt à 2 % est jugé approprié pour l’heure, même si des ajustements restent possibles en fonction des données.

Les rendements du Bund se sont légèrement détendus (autour de 2,68 %), tandis que les courbes swaps euro ont connu un « bull flattening » modéré ( aplatissement où les taux longs diminuent plus que les taux court), reflétant un (léger ?) retour des flux receveurs sur la partie longue.

Outre-Atlantique, le shutdown prolongé a entretenu une volatilité contenue sur les Treasuries. Les rendements à 10 ans ont oscillé autour de 4,10 %, influencés par les déclarations contrastées des membres de la Fed : certains plaident pour un statu quo prolongé, d’autres anticipent encore deux baisses de 25 pb d’ici décembre.

Le ton général reste toutefois celui d’une politique « légèrement restrictive » mais adaptable, conforme à un scénario de “soft landing” prolongé.

Bonne semaine.