Lettre Hebdo des marchés semaine 40: Shut up- Shut down

Cross Asset : Santé, technologie et matières premières mènent la danse

J’ai eu l’espoir, un peu naïf,, que le « shutdown » concernait surtout la bouche de Trump. 

La semaine écoulée s’est déroulée dans un climat globalement constructif sur les marchés financiers, marquée par de nouveaux sommets boursiers en Europe et un sentiment de confiance renforcé des investisseurs. Malgré un contexte politique américain tendu, avec un « shutdown » budgétaire et la suspension de certaines statistiques économiques, les marchés d’actions ont poursuivi leur progression, portés par des catalyseurs sectoriels puissants et une révision en baisse des anticipations de taux directeurs.

En Europe, l’indice Stoxx Europe 600 a progressé de près de 3 %, porté par trois moteurs principaux. Le premier est venu du secteur de la santé, en nette surperformance après l’accord entre Pfizer et l’administration américaine visant à réduire le prix de certains médicaments en échange d’exemptions douanières. 

La technologie a constitué le deuxième pilier de cette dynamique haussière. L’annonce d’un partenariat stratégique entre OpenAI et Samsung a dopé les valeurs technologiques.

Enfin, la hausse des matières premières industrielles, notamment du cuivre (+2,3 %) et de l’aluminium (+0,8 %), sur fond de tensions persistantes sur l’offre mondiale, a soutenu les secteurs liés aux ressources de base. 

Outre-Atlantique, la dynamique s’est révélée plus modérée : le S&P 500 a gagné environ 1,6 %, reflétant un climat plus prudent face à l’incertitude budgétaire et à un calendrier macroéconomique perturbé. Les investisseurs américains restent concentrés sur les signaux de ralentissement économique, notamment sur le marché de l’emploi, et sur les implications que cela pourrait avoir pour la politique monétaire.

Sur les marchés de matières premières, le pétrole a poursuivi son repli vers un niveau d’équilibre proche de 65 dollars le baril, les investisseurs intégrant à la fois la perspective d’une hausse de la production de l’OPEP+ et un ralentissement de la demande mondiale. L’or a poursuivi sa trajectoire ascendante pour atteindre de nouveaux records au-delà de 3 800 dollars l’once, porté par les incertitudes politiques et par la perspective d’un assouplissement monétaire plus marqué.

 

Change : Le dollar recule, l’euro s’installe, le yen oscille

Donc on a passé la semaine à se demander si les talonnettes étaient autorisées par l’administration pénitentiaire !  

Le marché des changes a reflété cette semaine les ajustements des anticipations monétaires et les incertitudes politiques américaines. Le dollar s’est affaibli face à l’ensemble de ses principales contreparties, victime de la perspective croissante d’une première baisse de taux de la Réserve fédérale dès le mois de décembre. Les statistiques économiques décevantes – notamment l’enquête ADP, l’ISM services et les offres d’emploi JOLTS – ont conforté le scénario d’un ralentissement, tandis que les tensions politiques à Washington ont pesé sur le billet vert.

L’euro s’est montré résilient, évoluant dans une fourchette étroite entre 1,17 et 1,175 dollar. Il a bénéficié d’une amélioration conjoncturelle en zone euro, matérialisée par un redressement des indices PMI et une inflation légèrement supérieure aux attentes. 

Le yen japonais s’est montré particulièrement volatil. Après une phase d’appréciation nourrie par l’espoir d’un resserrement monétaire, il s’est replié en fin de semaine à la suite de déclarations prudentes de la Banque du Japon, cette dernière préférant attendre davantage de données économiques avant de franchir le pas. Le marché reste convaincu qu’une première hausse de taux interviendra d’ici la fin du mois d’octobre.

La livre sterling s’est quant à elle maintenue à des niveaux élevés, au-dessus de 1,34 dollar, soutenue par des tensions inflationnistes persistantes qui compliquent la tâche de la Banque d’Angleterre. 

Les dollars australien et canadien ont connu des trajectoires divergentes : l’AUD a bénéficié de données économiques solides, tandis que le CAD a pâti de l’anticipation d’une nouvelle baisse de taux. 

Enfin, les devises émergentes sont restées relativement stables, avec un léger renforcement du peso mexicain et un yuan chinois contenu dans une fourchette étroite après un fixing plus ferme que prévu.

 

Taux : Détente obligataire et divergences transatlantiques

C’est malin quand même : impossible de censurer un gouvernement si on n’a pas de gouvernement !

Les marchés obligataires ont connu une semaine relativement calme, marquée par une légère détente des rendements en Europe et des signaux plus contrastés aux États-Unis.

En zone euro, la tendance reste dominée par la désinflation. L’inflation, ressortie à 2,2 % en septembre, confirme le scénario d’un retour progressif vers l’objectif de la BCE. Christine Lagarde a rappelé que la politique monétaire actuelle restait « bien positionnée » pour accompagner cette trajectoire, tandis que plusieurs membres du Conseil ont laissé entendre que le cycle d’assouplissement toucherait bientôt à sa fin. Les taux souverains ont reculé légèrement : le Bund allemand à 10 ans s’est stabilisé autour de 2,70 %, l’OAT 10 ans française autour de 3,52 %, avec un spread France/Allemagne proche de 81 points de base.

Aux États-Unis, la situation est plus nuancée. Si les statistiques économiques plaident en faveur d’un assouplissement monétaire – la faiblesse du marché du travail et le ralentissement de l’activité industrielle renforçant les anticipations de deux à trois baisses de taux d’ici la mi-2025 –, la persistance de pressions inflationnistes dans les services empêche la Fed de se montrer trop accommodante. Les taux longs se sont légèrement détendus, le 10 ans évoluant entre 4,10 % et 4,15 %, mais les taux courts restent sous pression, reflétant l’incertitude quant à la trajectoire monétaire. Les investisseurs s’attendent désormais à un cycle d’assouplissement plus long et plus graduel, ponctué de pauses, notamment en 2026.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a réaffirmé que le niveau actuel des taux restait approprié, tout en soulignant que la dynamique des salaires et des prix dans les services devrait ralentir dans les mois à venir.

 

Bonne semaine à tous