Lettre Hebdo des marchés semaine 27 :En attendant le 9 juillet

Cross Asset : Risque protectionniste 

Avec cette chaleur, je comprends pourquoi Trump veut tellement récupérer le Groenland

Aux États-Unis, les indices actions ont poursuivi leur progression, atteignant de nouveaux records à Wall Street, soutenus par des signaux d'apaisement sur le front commercial, ainsi que par des indicateurs économiques solides, tels que la hausse des offres d’emploi et une légère amélioration de l’ISM manufacturier. Toutefois, en fin de semaine, l’annonce par Donald Trump d’un programme massif de relèvement tarifaire, couplée aux annonces budgétaires (l’adoption du "Big, Beautiful Bill") a ravivé une forte aversion au risque. 

Les marchés américains étant fermés vendredi, ce sont les places européennes qui ont le plus souffert de cette volte-face, avec une pression marquée sur les valeurs cycliques, notamment l’automobile, tandis que les valeurs défensives ont mieux résisté. 

Sur le marché du crédit, cette aversion au risque s’est traduite par un net élargissement des spreads high yield. Les flux se réorientent progressivement vers les signatures les plus solides (investment grade), avec une préférence pour les maturités courtes et les secteurs défensifs. 

Du côté des matières premières, le recul du cuivre accentue les inquiétudes sur le cycle économique, tandis que le Brent cède du terrain en anticipation d’une hausse de la production de l’OPEP+. Fidèle à son rôle de valeur refuge, l’or retrouve son attrait en tant qu’amortisseur face aux tensions géopolitiques.

Change : Un dollar volatile

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La résurgence des tensions commerciales, couplée à l’adoption d’un budget américain expansionniste, a entraîné un affaiblissement du dollar, malgré la résilience de l’économie américaine. Le billet vert reste sous pression en raison d’anticipations toujours marquées de baisses de taux — jusqu’à 125 points de base sur 12 mois — et de pressions politiques croissantes sur Jerome Powell. 

L’euro a brièvement franchi le seuil de 1,18 $, soutenu par un différentiel de politique monétaire devenu plus favorable, mais cette appréciation commence à inquiéter la BCE. Le compte-rendu de la réunion de juin révèle d’ailleurs une vigilance accrue sur la dynamique de change. 

La livre sterling, après avoir atteint un sommet depuis 2021, a fortement corrigé. Les doutes sur la cohérence budgétaire du nouveau gouvernement travailliste — exacerbés par un revirement sur les réformes sociales — ont pesé lourdement sur la devise. 

En Asie, le yen reste faible autour de 144, la Banque du Japon maintenant une posture prudente malgré des hausses salariales historiques. En Chine, l’élargissement du quota QDII a permis de soutenir le yuan offshore, dans un contexte de sorties de capitaux encore maîtrisées. À Hong Kong, la HKMA est intervenue à trois reprises depuis fin juin pour défendre la parité fixe à 7,85, illustrant des flux sortants persistants malgré des taux courts déjà élevés.

Taux : Équilibre instable

Les moustiques, au lieu de sucer le sang, ils ne pourraient pas sucer la graisse ? Ce serait un peu plus utile, non ?

Les marchés de taux ont oscillé cette semaine entre la solidité des données économiques et une montée du risque politique. Aux États-Unis, les créations d’emplois (147 000 en juin) et la hausse de l’ISM manufacturier ont brièvement tiré les rendements à la hausse, avec un taux à 10 ans atteignant 4,41 %. Toutefois, la probabilité d’une baisse de taux dès juillet a été écartée, tandis que celle de septembre — encore jugée acquise la semaine dernière — est désormais estimée à 75 %. Les anticipations se stabilisent face à une Réserve fédérale prudente et un cadre budgétaire de plus en plus incertain. 

En zone euro, la détente a prévalu. Le Bund à 10 ans termine à 2,61 %, soutenus par une inflation maîtrisée (+2 % en Allemagne) et par un signal budgétaire fort de Berlin, qui annonce un plan d’investissement de 25 milliards d’euros dans la défense. Ce pivot a favorisé une contraction des spreads souverains : Italie/Allemagne à 82 pb, France/Allemagne à 65 pb. La courbe des swaps s’est légèrement aplatie, traduisant un positionnement plus défensif sans pour autant relancer les anticipations de baisses rapides des taux.

Au Royaume-Uni, les taux longs ont bondi (avant de corriger légèrement jeudi), dans un contexte de doutes croissants sur la stratégie budgétaire de Keir Starmer et la crédibilité de son équipe économique. Les marchés intègrent désormais une baisse de 75 points de base par la BoE d’ici les 12 prochains mois.

Bonne semaine à tous