Cross Asset : Aversion pour les US
Bonne fête des mères à toutes ! Incroyable, tout de même, que toutes les mamans soient nées le même jour…
La semaine a été marquée par un retour du thème « Sell America », dans un contexte de tensions budgétaires croissantes aux États-Unis (dégradation par Moody’s, avancées fiscales des Républicains) et d’une émission de Treasuries à 20 ans mal accueillie. Le mouvement de correction a touché à la fois les actions et le crédit, avec une hausse des spreads. Les valeurs sensibles aux taux sous-performent, tandis que la Chine et l’Europe (avant d’être, en fin de semaine, ébranlées par la menace américaine de droits de douane de 50 % sur les produits européens dès le 1er juin) ont mieux résisté. Dans ce climat d’incertitude et de valorisations tendues, les actifs défensifs bénéficient d’un regain d’intérêt : l’or progresse de 4 % malgré la hausse des taux réels, et le bitcoin franchit un cap historique, dépassant son précédent sommet du 20 janvier. Les prix du pétrole reculent, tandis que le gaz européen grimpe, influencé par la géopolitique. La semaine prochaine s’annonce riche en publications macroéconomiques, avec les chiffres de l’inflation dans les quatre grandes économies de la zone euro, ainsi qu’aux États-Unis, une série de données clés incluant le Conference Board, les minutes du FOMC, le PIB du T1 et les enquêtes de l’Université du Michigan.
Change : Dollar sous pression
L’inventeur du tennis a sans doute lancé un défi à celui du rugby : créer un système de points le plus étrange possible… Bravo l’UBB en tout cas !
Le dollar enregistre sa plus forte baisse hebdomadaire depuis six semaines, pénalisé par la défiance croissante liée aux finances publiques américaines. L’euro s’apprécie malgré des PMI décevants dans la zone euro. Le yen rebondit fortement, alors que les taux longs japonais atteignent des records. Le dollar australien enregistre la plus faible hausse du G10, freiné par une baisse de taux de la banque centrale accompagnée d’un ton accommodant, signalant la possibilité d’un nouvel assouplissement monétaire. Par ailleurs, on observe un regain d’intérêt pour les devises émergentes. Le won sud-coréen s’est apprécié, soutenu par des discussions en cours avec les États-Unis sur les interventions de change, et le yuan chinois a franchi à la baisse le seuil de 7,20 pour la première fois depuis novembre. Enfin, des baisses de taux sont attendues cette semaine en Afrique du Sud (à 7,25 %) et en Nouvelle-Zélande (à 3,25 %), ce qui pourrait freiner temporairement l’appréciation du ZAR et du NZD sans inverser la tendance de fond : les perspectives restent orientées vers une poursuite de la dépréciation du dollar, alimentée par les inquiétudes sur la croissance et les déficits américains.
Taux : Pentification !
La fête des mères doit être sacrément étrange et perturbante dans Game of Thrones...
Les taux longs poursuivent leur hausse, alimentée par les craintes sur les déficits et les émissions massives de dette. Le 30 ans américain dépasse les 5,1 % (seulement pour la deuxième fois depuis 2007), et le 10 ans atteint 4,62 %. Cette pentification s’accentue à l’échelle mondiale dans un contexte de révision à la hausse des anticipations de déficits de long terme, notamment en lien avec les discussions budgétaires en Europe et au Japon (où les taux longs ont touché des sommets jeudi). La partie courte, en revanche, reste stable, les anticipations de politique monétaire étant bien ancrées : deux baisses attendues pour la Fed, et 50 pb pour la BCE en 2025. En zone euro, la courbe se pentifie malgré des données macroéconomiques faibles, tandis que les spreads souverains demeurent stables : le spread BTP-Bund revient à 100 pb, celui entre OAT et Bund à 68 pb. À noter également que Moody’s a relevé la perspective de l’Italie de stable à positive, sans modifier la note : une décision qui pourrait renforcer l’attrait du BTP cette semaine.
Bonne semaine à tous !